Qu’elles soient respiratoires, mucolytiques ou anti-inflammatoires, les huiles essentielles d’eucalyptus ont toutes une spécificité en matière de propriétés et de fragrance. Nous allons ici lever une partie du voile…
Figurez-vous que l’on dénombre entre 500 et 900 espèces d’eucalyptus, selon les classifications, dont plus de 300 contiennent des huiles essentielles ! Pour nous embrouiller encore davantage, en 1995, le genre corymbia apparait pour classifier une partie des eucalyptus. Alors, comment faire pour s’y retrouver dans cette jungle ? Première bonne nouvelle, toutes ne sont pas exploitées en aromathérapie même si des tests existent [1]. Seconde bonne nouvelle, comme la majorité de ces huiles essentielles sont respiratoires (mais pas toutes !), n’est commercialisée chez nous qu’une petite minorité. Ouf !
Sommaire
D’où vient le nom d’eucalyptus ?
Pour la petite histoire, le tout premier spécimen d’eucalyptus a été ramené de Tasmanie par William Anderson et David Nelson lors de la troisième expédition de Cook en 1777. Et c’est le botaniste français, Charles-Louis L’Héritier de Brutelle qui, en 1788 [2], inventa le terme eucalyptus [3] à partir du grec « eu » bien et calyptos « couvert » car les étamines des fleurs sont recouvertes d’un opercule.
Tout d’abord, quels eucalyptus trouvons-nous ?
Si à l’origine les eucalyptus sont australiens, l’homme les a implantés un peu partout dans le monde, essentiellement dans le but d’assécher les zones marécageuses. Aujourd’hui, outre l’Australie, on en trouve notamment en Afrique du Sud, Chine, Brésil, Inde, Madagascar et France, principalement en Corse.
Fiche d’identité des huiles essentielles d’eucalyptus
Famille : Myrtaceae Genre : Eucalyptus, Corymbia (pour l’eucalyptus citronné) Espèces : eucalyptus radiata, eucalyptus globulus, eucalyptus smithii, eucalyptus polybractea, corymbia citriodora, etc… Origine : Australie, Chine, Inde, Brésil, Europe du sud Partie distillée : feuilles et jeunes rameaux Attention : fuyez toute huile essentielle d’eucalyptus qui ne mentionne pas l’espèce
Huile essentielle d’eucalyptus globuleux, une spécificité de la pharmacopée européenne [8] En première distillation, le taux d’eucalyptol de l’eucalyptus globuleux avoisine les 50 %. Après une seconde distillation, ce taux monte à 70 % voire davantage. La pharmacopée impose cette seconde distillation. Donc, si vous trouvez une huile essentielle d’eucalyptus globuleux dont le taux d’eucalyptol est inférieur à 60 %, vous saurez qu’il n’y a eu qu’une seule distillation.
Des plus répandues aux méconnues, nous avons ici sélectionné neuf espèces différentes commercialisées en France (vous trouverez les appellations latines en fin d’article) :
Les classiques, eucalyptus globuleux, radié et citronné ;
Les moins fréquentes, eucalyptus de Smith, mentholé, à fleurs multiples (ou à polybractées multiples ou à cryptone) ;
Les méconnues, eucalyptus staigeriana, maidenii et macarthurii.
Décryptage…
Oh, surprise ! Les eucalyptus ne sont pas tous respiratoires. En revanche, ils sont tous anti-infectieux en raison de la présence de monoterpénols. Vous savez, les seuls anti-infectieux doux pour la peau ! Et aussi tous décongestionnants grâce à leurs monoterpènes. Ne comptez quand même pas trop sur les eucalyptus citronné et macarthurii pour décongestionner, leur taux de monoterpènes étant beaucoup plus faible.
Les subtilités des eucalyptus respiratoires
Les eucalyptus respiratoires restent malgré tout les plus nombreux ! Leur principale molécule, le 1,8-cinéole ou eucalyptol [4], est royale pour fluidifier les mucosités ! Vous y ajoutez des propriétés expectorante, antivirale et immunomodulante (qui régule le système immunitaire) et vous aurez là, avec les huiles essentielles d’eucalyptus globuleux, radié, de smith et maidenii, un beau panel pour traiter vos affections respiratoires et ORL hivernales.
La puissance de l’eucalyptus globuleux, également appelé gommier bleu, le destine plutôt à l’adulte et aux affections respiratoires basses, poumons et bronches. Dans sa panoplie, il embarque une cétone (molécule aromatique) qui accentue le côté mucolytique et possède de surcroît une action cicatrisante. Très proche, l’eucalyptus maidenii est même considéré par certains botanistes comme une sous-espèce du globuleux [9].
Paradoxe de l’eucalyptol (1,8-cinéole)
L’huile essentielle d’eucalyptus radié, qui contient 60 à 75 % d’eucalyptol, est dite pédiatrique selon Michel Faucon [5] ou Dominique Baudoux [6]. Or, une recommandation de l’AFSSAPS [7] demande de limiter le taux d’eucalyptol dans les produits cosmétiques destinés aux enfants à :
0,1 % pour les enfants de moins de 3 ans
1,12 % pour les enfants de 3 à 6 ans.
Nous vous invitons donc à faire preuve de vigilance avec vos enfants.
Précautions d’emploi
Le 1,8-cinéole est asséchant, ne pas l’utiliser sur une toux sèche.
D’une manière générale les huiles essentielles contenant du 1,8-cinéole sont à utiliser avec beaucoup de précaution chez l’asthmatique en dehors des crises et toujours sous le contrôle d’un spécialiste (voir les précautions ci-dessous).
L’huile essentielle d’eucalyptus radié diffère légèrement : sans cétone, elle est bien mieux pourvue en monoterpénols, ce qui la rend plus douce et plus anti-infectieuse. Bien qu’elle traite aussi les bronchites, elle cible davantage les affections respiratoires hautes, qui correspondent à la sphère ORL (nez, gorge, oreilles). En diffusion, privilégiez-la à celle de l’eucalyptus globuleux (à cause de la fameuse cétone !). L’eucalyptus de Smith lui est très similaire. Si vous deviez choisir entre les deux, c’est à l’odeur que ça se jouera : l’eucalyptus radié a un petit côté bonbon que n’a pas l’eucalyptus de Smith, dont l’odeur est plus âpre, rugueuse.
Un des moyens les plus efficaces pour traiter au mieux les affections respiratoires, c’est la voie royale ! autrement dit, les suppositoires. Pourquoi ? Tout simplement parce que les principes actifs ne sont pas filtrés par le foie et vont ainsi directement agir sur la cible. Pour cela, adressez-vous à un spécialiste.
Attention !
Le pinocarvone de l’eucalyptus globuleux et le cryptone de l’eucalyptus à fleurs multiples à cryptone font partie des cétones monoterpéniques dites à risque (neurotoxicité par accumulation dans les graisses), ce qui nécessite d’utiliser ces huiles essentielles avec prudence, en l’occurrence sur une courte période. Elles sont interdites chez l’enfant, la femme enceinte et allaitante et les personnes épileptiques.
En revanche, le pipéritone de l’eucalyptus mentholé ne présente pas de risque à doses physiologiques.
Les belles surprises des mucolytiques !
Comme nous l’avons vu un peu plus haut, les cétones sont particulièrement mucolytiques, c’est-à-dire qu’elles fluidifient les sécrétions et favorisent ainsi leur évacuation. C’est la raison pour laquelle l’huile essentielle d’eucalyptus globuleuxest plus spécifiquement adaptée aux affections bronchiques et pulmonaires.
Les huiles essentielles d’eucalyptus mentholé et d’eucalyptus à fleurs multiples à cryptone vont même plus loin, puisqu’elles sont anti catarrhales. Vous pouvez donc les associer à une huile essentielle respiratoire en cas de bronchite, de rhino-pharyngite à toux grasse, de sinusite ou d’otite séreuse.
Favoriser l’évacuation des mucosités lors d’une bronchite
Appliquez sur le thorax et dans le dos une cuillère à café d’une huile végétale qui vous convient (olive ou amande douce) dans laquelle vous aurez dilué 4 gouttes d’huile essentielle d’eucalyptus radié et 3 gouttes d’huile essentielle d’eucalyptus mentholé. Répétez l’opération jusqu’à 3 fois par jour.
Mais ces deux-là nous réservent d’autres surprises…
L’eucalyptus mentholéva vous servir mesdames en cas de vaginite leucorrhéique, de cystite et de cellulite. Quant à l’eucalyptus à fleurs multiples à cryptone, la littérature lui prête une action ciblée sur les fièvres tropicales, malaria et paludisme ainsi que les parasitoses intestinales comme l’amibiase. Et pour vous messieurs, elle est décongestionnante prostatique.
Sur une affection uro-génitale
A l’aide d’un mélange de 6 gouttes d’huile essentielle d’eucalyptus mentholé (pour vous madame) ou d’huile essentielle d’eucalyptus à fleurs multiples à cryptone (pour vous monsieur) dans une cuillère à café d’huile végétale (olive, amande douce ou cire liquide de jojoba), massez le bas du ventre, juste au-dessus du pubis (attention pas d’huiles essentielles sur les parties génitales !). Bien entendu, cette solution ne remplace pas un traitement médical.
Des anti-inflammatoires remarquables
Si la gaulthérie est anti-inflammatoire, son spectre d’action est plus limité que celui de l’eucalyptus citronné dont la remarquable action anti-inflammatoire et antalgique s’étend de l’arthrite, la tendinite, la sciatique, la déchirure musculaire, le rhumatisme à l’otite, la sinusite, le zona, les piqûres d’insectes. Il est aussi calmant, relaxant, voire sédatif. Notez cependant que son odeur peut vite devenir entêtante.
Cataplasme anti-douleur pour les entorses.
Avant toute autre intervention, pour calmer la douleur d’un traumatisme musculaire ou tendineux (déchirure musculaire, entorse, etc.), appliquez du froid à l’aide d’une poche de gel ou de glaçons que vous aurez auparavant placés dans un sachet étanche entouré d’un linge. C’est remarquablement efficace et ça réduit le temps de guérison.
Préparez une base d’argile verte. Selon la taille de la zone à couvrir, versez 2 à 4 cuillères à soupe d’argile verte en poudre dans un récipient non métallique, complétez avec de l’eau tiédie (pour éviter les grumeaux) et mélangez avec une spatule (toujours pas de métal) jusqu’à obtenir une pâte un peu épaisse.
Dans une cuillères à café de macérât huileux d’arnica, incorporez 3 gouttes d’huile essentielle d’eucalyptus citronné et 4 gouttes d’huile essentielle d’hélichryse italienne. Doublez les doses si vous avez choisi les 4 cuillères à soupe d’argile.
Mélangez les deux préparations et appliquez ce cataplasme sur votre entorse. Enrobez le tout d’un film plastique qui va maintenir le cataplasme et ralentir le dessèchement. Dès que le cataplasme est sec, changez-le. Bon, pour l’aspect esthétique, il y a plus glamour…
Peut-être le saviez vous déjà, la principale molécule de l’huile essentielle d’eucalyptus citronné est le citronnellal. Ça vous rappelle quelque chose ? La citronnelle peut-être ! Eh bien oui, l’eucalyptus citronné sent la citronnelle et sa réputation de répulsif anti moustiques n’est plus à faire. Ceci dit, il semble également efficace contre les piqûres de tiques [10] et de sangsues [11]. Une vraie pharmacie à lui tout seul !
Synergie efficace de répulsif contre les moustiques :
Complétez avec de la cire liquide de jojoba qui ne laisse pas de film gras sur la peau.
Mettez cette synergie dans un vaporisateur à pompe, pulvérisez et étalez régulièrement sur les parties susceptibles d’être exposées aux piqures ( sauf les muqueuses, bien sûr),comme vous le feriez avec n’importe quel produit du commerce. Elle n’est pas photo sensibilisante et les moustiques ne sévissent pas au soleil, elle ne vous empêche donc en aucun cas de vous exposer au soleil.
Plus polyvalent, l’eucalyptus staigerianaest tout autant anti-inflammatoire mais il contient des monoterpénols avec leur action anti-infectieuse [12] et des esters qui, comme vous le savez maintenant sont antispasmodiques et apaisants. Par exemple, ils agissent sur le stress. D’où l’intérêt de l’eucalyptus staigeriana en olfacto qui procure une sensation de douceur, de légèreté, de calme. Contrairement à l’eucalyptus citronné, il ne sent pas la citronnelle mais plutôt le citron.
Et un doudou floral !
L’huile essentielle d’eucalyptus marcarthurii sort du lot ! Ses notes florales proches de la rose et du géranium en font un remarquable compagnon de douceur. En massage pour se cocooner ou en olfacto pour s’apaiser ou encore en diffusion pour parfumer son environnement.
Nous avons abordé ici les propriétés les plus caractéristiques de ces huiles essentielles d’eucalyptus. Cependant elles possèdent d’autres atouts qui pourraient faire pour chacune l’objet d’un article à part entière.
Important ! Ces informations sont communiquées à titre informatif et non pas professionnel. Elles n’ont pas pour vocation à remplacer une visite médicale et un diagnostic personnalisé réalisé par un expert de santé tel un médecin ou dermatologue, seul à même de le réaliser légalement et d’effectuer des prescriptions adaptées à votre situation médicale et votre situation particulière.
[3] Charles-Louis L’Héritier décrit l’eucalyptus obliqua dans Sertum anglicum, seu Plantae rariores quæ in hortis juxta Londinum, imprimis in horto regio Kewensi, excoluntur, ab anno 1786 ad annum 1787 observatae. Vues 68 et 69. Édition : Parisiis : typis P.-F. Didot, 1788 – https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9818871b/f69.planchecontact
Exploratrice de l’humain et de l’éthique, je me passionne pour l’Etre dans toutes ses dimensions.
Mes investigations me mènent notamment à la naturopathie, la nutrition (Cenatho) et l’aromathérapie intégrative (EFAI). Dès lors, je prends en main ma santé où les huiles essentielles occupent une place de choix.
Aujourd’hui, je partage le fruit de mes découvertes dans le but de transmettre et inviter à une prise de conscience sur l’importance de notre santé et de notre environnement.